ALPHABETISATION AUX NUMERIQUES


Bienvenue !  La création de sous-titres m’a permis de m’intéresser à plusieurs thèmes ou domaines. J’essaie de trouver différents axes de lectures et de points de vue, nationalement et internationalement. Pour l’année 2011, j’ai commencé par les thèmes du numérique et de l’alphabétisation aux médias. Après avoir lu des thèses, des rapports, des articles de journaux, des points vues sur des blogs,  vu et entendu des interviews, je n’ai pas trouvé de réponses mais beaucoup de questions et de malentendus. J’ai cherché, aussi, si la créativité était présente parmi ces thèmes et s’il prenait en compte la capacité créative des enfants.
 Je vais essayer de résumer toutes ces informations. En sachant que le point vue que j’adopte détermine pratiquement tout ce que je vois et les questions que je me pose détermineront une grande partie des réponses que j’obtiendrai. Donc, je vous donnerai toutes les sources pour que vous puissiez vous faire votre propre opinion. Je suis toujours à la recherche de nouvelles informations. Sottotitolo Philippe


La société et l’économie
à l’aune de la révolution numérique
Enjeux et perspectives
des prochaines décennies (2015-2025)




Le fossé numérique en France




-“Nous ne sommes pas responsables en tant qu’éducateurs si nous ne faisons qu’enseigner avec la technologie, car il faut également enseigner à travers elle, sur elle et à cause d’elle. Nous devons faire comprendre aux enfants sa puissance, son potentiel, ses dangers, ses usages. Ce n’est pas seulement un investissement qui en vaut la peine, mais c’est un investissement qu’il serait irresponsable d’éviter.” Cathy Davidson

-La société a connu ces dernières années, avec l'avènement du numérique, une véritable révolution en matière de diffusion des connaissances, de transformation du travail et des compétences nécessaires ou encore d'évolution des attentes des citoyens pour ne citer que quelques éléments d'une liste impressionnante de changements majeurs. Cette révolution transforme profondément la société. Les choses ne sont pas si tranchées qu’on voudrait nous le faire croire...Jared Diamond dans Effondrement démontre que le déterminisme technique a une influence prépondérante, à l’échelle des pratiques, on constate plutôt qu’on a tendance à reproduire des comportements de classe, de culture, de niveau social quelque soit les technologies qu’on utilise. L’histoire des technologies est semée d’inventions qui avaient pour but de faire le bonheur des autres contre leur gré. Il est aussi parsemé de technologies qui devaient nous simplifier la vie et nous rendre plus heureux. La technologie est un levier de transformation qui modifie et influence la société. Ce n’est peut-être pas le seul, mais nous sommes tous conscients de son pouvoir, qui n’est pas de rationaliser ou d’optimiser la société comme on le croit souvent, mais qui est avant tout un pouvoir déstabilisateur (du règne précédent) et complexifiant (il introduit toujours de nouvelles possibilités). Notre croyance en la technologie repose peut-être aussi beaucoup sur la complexité et l’échec des autres solutions. La technologie semble une réponse simple et claire à nos difficultés. Attention à ce que ce ne soit pas une réponse trop facile. Dans un récent article où il défendait le besoin d’alphabétiser nos enfants à la technologie (peut-être pour qu’elle ne soit pas perçue comme miraculeuse), Kevin Kelly, auteur d’un livre très stimulant sur notre rapport à la technologie, rappelait que l’ordinateur n’est qu’un outil parmi d’autres. “La technologie nous a aidés à apprendre, mais ce n’était pas le moyen de l’apprentissage. (…) Et puisque l’éducation des enfants consiste essentiellement à inculquer des valeurs et des habitudes, elle est peut-être la dernière zone à pouvoir bénéficier de la technologie”. Pour lui, ce que nous apporte avant tout la technologie ne repose pas sur des solutions toutes faites, mais au contraire, sur le fait que la technologie nous pousse toujours à apprendre. La leçon de la technologie ne repose pas dans ce qu’elle permet de faire, mais dans le processus. Dit autrement, il ne faut pas attendre de la technologie qu’elle sauve le monde, mais qu’elle nous apprenne le processus qui nous permettra peut-être de le faire : apprendre à apprendre, remettre en cause nos certitudes… c’est le processus de production et d’appropriation de la technologie qui est certainement plus important que le résultat.
-Quand on évoque la révolution du numérique dans la presse, on donne généralement la parole à des patrons de startups, comme s’il s’agissait d’une révolution technologique et comme si ces dirigeants d’entreprise étaient représentatifs des entreprises françaises et, plus largement de ce qui bouge dans notre société. Nos observations nous incitent à penser que les “vrais” révolutionnaires du numérique sont tout à fait ailleurs.
L’un des traits marquants de la révolution du numérique est qu’elle ne se produit pas où on l’attendrait. Certaines associations acquièrent grâce au web 2.0 une réactivité vraiment stupéfiante et les enseignants font un usage décoiffant de certains outils numériques. L’entreprise, en revanche, paraît très en retard dans ce domaine, alors qu’elle était naguère considérée comme le parangon du progrès technologique.

La révolution numérique est à la croisée de trois technologies : l’informatique, les télécommunications et l’audiovisuel. L’informatique est celle qui fait le lien avec les deux autres, d’où l’effet de loupe dont elle bénéficie. Mais elle n’aurait pas pu, seule, produire la révolution à laquelle nous assistons : même si elle a su se rendre plus accessible au fil du temps, elle est loin d’être aussi immédiatement familière que le téléphone ou que la “zapette” de la télévision. La révolution numérique repose principalement sur l’explosion des usages de la communication audiovisuelle, du téléphone et des réseaux. L’objectif étant que le plus grand nombre possible
de participants collaborent entre eux, il est indispensable que les outils n’exigent aucun prérequis technique, économique ou culturel. La révolution du numérique est donc tout sauf technologique : c’est en réalité une révolution sociale, de celles qui bouleversent l’ordre de la société. Christophe DESHAYES

-Depuis trente ans que nous essayons d’utiliser les TIC en classe et autour de la classe, il y a une question que l’on évite soigneusement de poser : est-ce que la forme actuelle de la scolarisation est adaptée au contexte culturel, social, économique et technologique qui environne la société ? Or le développement, au cours des trente dernières années, du numérique impose à chacun de nous de repenser ce que signifie apprendre, accéder aux savoirs, participer à la connaissance, se développer intellectuellement et culturellement.
Trois propositions qui ne se veulent ni exhaustives, ni idéales, mais pour donner à réfléchir et à débattre :
1 – Une pédagogie de l’apprendre ensemble qui change les symétries traditionnelles de la classe.
2 – Une pédagogie de l’appropriation qui impose de dépasser les limites des murs de l’école.
3 – Une pédagogie de l’autonomie réflexive accompagnée qui soit structurante, avant d’être strictement structurée.  Bruno Devauchelle
Cependant, nous pensons qu'il est temps que les éducateurs et les décideurs commencent à repenser l'éducation en dehors de l'école. L'éducation est une entreprise à vie, tandis que la scolarité pour la plupart englobe une durée  environ de 5 à 18 ans. Même lorsque les élèves sont à l'école, une grande partie de leur éducation se passe en dehors de l'école. Nous savons tous que la technologie a transformé notre société en général. Elle est devenue centrale à la lecture des gens, écrire, calculer, et la pensée, qui sont les principales préoccupations de la scolarité. Et pourtant, la technologie a été conservée dans la périphérie de l'école, utilisée pour la plupart pendant des cours spécialisés.
Le principal défi est de savoir si nos écoles actuelles seront capables de s'adapter et d'intégrer la nouvelle puissance de la technologie axée sur l'apprentissage pour la prochaine génération de l'école publique. Il y a une croyance profonde parmi les enseignants et les parents, que pour vraiment apprendre quelque chose, il est essentiel de l'intérioriser sans aucune dépendance à l'égard des ressources extérieures. Par conséquent, sur les tests des élèves ne sont généralement pas autorisés à utiliser des livres ou des calculatrices, des ordinateurs beaucoup moins ou le web. L'inverse est vrai de la vie adulte, où la technologie prend en charge l'utilisation des ressources des personnes à l'extérieur. En milieu de travail, vous êtes souvent jugés sur la façon dont vous pouvez mobiliser des ressources pour accomplir certaines tâches.
(Traduction libre) Allan Collins et Richard Halverson
-La pédagogie et didactique pourraient se présenter ainsi : pédagogie, science des apprentissages indépendante des contenus ; didactique, science de la transposition des savoirs savants en savoirs assimilables par tout individu de même niveau. La pédagogie n'est pas une simple théorie de l'apprentissage. En effet, elle comporte les finalités et les valeurs  pour lesquelles le pédagogue doit oeuvrer. Ces finalités et valeurs ne sont pas de simples objectifs. Comme le souligne Reboul, les valeurs sont les idées pour lesquelles le pédagogue est prêt à sacrifier quelque chose. Ainsi, la philosophie pose deux questions au pédagogue : "Qu'est-ce que l'homme ?" et "Qu'est-ce qui fait que l'homme devient homme ?".
Ce sont bien les finalités de l'éducation qui justifient la mise en place d'une structure sociale telle que l'école, et non l'inverse. Or, ces finalités et ces valeurs de l'éducation sont remises en cause par le fait que l'école ne réponde plus à la promesse d'égalité sociale. Comme l'indique Derouet (1992), cette promesse qui justifiait l'établissement de l'ordre scolaire n'est plus tenable par l'institution, laquelle se fait chahuter par les élèves. Aussi, il faudra se demander dans quelle mesure le discours pédagogique sur l'informatique à l'école s'inscrit dans l'objectif de ramener la paix sociale à l'école.
Les réflexions actuelles sur l'informatique à l'école ne s'ancreraient-elles pas dans le paradigme de la communication, au détriment du paradigme de la pédagogie ? Il y aurait, dans ces discours, un déséquilibre récurrent entre le paradigme de la communication et le paradigme de la pédagogie. Un déséquilibre qui aboutirait, dans certains cas à l'idéologie suivante : il suffirait de communiquer pour apprendre.
La théorie de Breton postule que les nouveaux outils de communication font resurgir les utopies. Cette théorie est intéressante dans la mesure où elle permet de rendre compte de l'engouement périodique pour les nouveaux outils. Pour Breton, les utopies connaissent des cycles : elles se manifestent, disparaissent puis réapparaissent de nouveau sous des formes différentes.
"Le réseau met en communication le monde avec ses habitants". Dans ce type de phrase, le monde est réduit aux habitants connectés au réseau ! Que fait-on des milliards d'êtres humains pour qui le souci est d'abord de trouver à manger plutôt qu'un modem pour connecter sa machine ? Que fait-on des personnes pour qui la suractivité de la communication occidentale est l'origine d'une forme de folie et qui préfère la spiritualité d'une communauté aux possibilités de la virtualité ? Ces gens sont-ils encore des hommes ? Le projet de la communication, par sa réalisation matérielle, n'entraîne-t-il pas l'homme occidental vers les terres de la colonisation moderne, sombres contrées qu'il croyait pourtant avoir quittées ?
Le terrain de l'innovation technique est porteur d'utopie sociale, et ceci ne date pas d'hier. Par exemple, la télévision par câble dans les années 1970-1980 devait redessiner les rapports humains de telle sorte qu'apparaîtrait, en filigrane, une vrai démocratie locale. Le câble vient désormais arroser les écrans télévisuels de mes voisins, une quelconque cité savante n'est pourtant pas au programme du collectif de mon immeuble. Les médias ni n'évoquent ni ne convoquent, les médias fascinent et obnubilent l'individu qui "perd alors son pouvoir de rêver et d'être affecté."80 "On réduit ainsi la capacité de compréhension entre des peuples, des cultures, des régimes politiques que tout sépare par ailleurs, au volume et au rythme d'échanges entre les collectivités permis par les réseaux. Comme si la compréhension entre les cultures, les systèmes symboliques et politiques, les religions, et les traditions philosophiques dépendaient de la vitesse de circulation des informations ! … Comme si échanger plus vite des messages signifiait mieux se comprendre." Internet favorise la constitution d'un individu zéro-délai , qui ne conçoit la réalité que comme malléabilité. Il sera particulièrement difficile de convertir cet enfant gâté à la pensée des limites ou au sens de la mesure. La critique réside dans l'immédiateté que procure l'outil, une immédiateté qui donnerait une sensation de pouvoir sur la réalité. Ce slogan pédagogique "avec Internet, vous avez le savoir au bout des doigts" serait faux, si l'internaute transforme le vide de son écran avec le bout de son doigt, ce n'est que pour faire apparaître des informations. En dehors de la distance qui sépare le concept "d'information" de celui du "savoir".  François Texier

-Dieuzeide (1994) résume bien les trois fonctions de ces technologies : « Globalement, on dira : l’audiovisuel présente, l’informatique, organise, les télécommunications rapprochent ». Bien qu’intéressante, puisqu’elle présente le concept de « technologies » dans une perspective historique, cette définition apparaît quelque peu désuète puisque, de nos jours, les appareils audiovisuels sont rarement associés aux TIC. L’utilisation des termes « engager les élèves » et « apprentissages significatifs » rappelle que Depover et Strebelle (1996) et Sandholtz, Ringstaff et Dwyer (1997), s’entendent quant à l’importance, pour bénéficier du plein potentiel des TIC, d’avoir recours à des pratiques pédagogiques d’inspiration constructiviste et, comme le mentionnent Payeur et Brunet (1995), à des « pratiques plus proches de la vraie vie » (p. 12). Le Conseil supérieur de l’éducation (2000a) abonde dans le même sens. Ainsi, l’intégration pédagogique des TIC implique que l’élève doit être activement engagé dans des activités d’apprentissage réelles et significatives.
 « l’efficacité pédagogique des TIC dépend davantage de la capacité des enseignants à intégrer et à mettre en scène les nouvelles technologies dans un contexte pédagogique pertinent que de l’infrastructure informatique disponible »
Ainsi, le débat ne semble pas se situer au niveau de l’importance d’utiliser ou non les
TIC à l’école, ni au niveau des bienfaits des TIC en éducation, mais plutôt au niveau
du type d’utilisation qui en est faite par les enseignants . Il apparaît donc nécessaire de poursuivre les recherches dans le domaine de l’intégration pédagogique des TIC en général, et plus particulièrement, dans celui de l’utilisation exemplaire des TIC, c’est-à-dire une utilisation qui permettrait aux élèves d’apprendre plus avec les TIC que sans elles. Selon Marton (1999), « la seule raison d'utiliser, d'exploiter, d'intégrer les Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (sic) en éducation devrait être de compter améliorer la situation d'apprentissage de l'étudiant et nos relations avec lui » Carole RABY

Il y a longtemps que j'enseigne et ce faisant j'ai acquis une solide connaissance des enfants et de l'apprentissage que j'aimerais que plus de gens comprennent et qui concerne le potentiel des étudiants. En 1931, ma grand-mère en bas à gauche pour vous là-bas  a obtenu son certificat d'études. Elle allait à l'école pour obtenir des informations parce que c'était là que les informations se trouvaient. C'était dans les livres, c'était dans la tête de l'instituteur, et elle devait y aller pour obtenir les informations, parce que c'est comme ça qu'on apprenait. Si on avance rapidement d'une génération : c'est l'école à une seule salle de classe, Oak Grove, où mon père allait dans une école à classe unique. Et lui aussi devait se déplacer à l'école pour obtenir des informations de l'enseignant, les stocker dans la seule mémoire portable qu'il avait, qui était à l'intérieur de sa tête, et l'emporter avec lui, parce que c'est ainsi que les informations étaient transportées d'enseignant à étudiant et ensuite utilisées dans le monde. Quand j'étais enfant, nous avions une encyclopédie chez moi. On l'avait achetée l'année de ma naissance, et c'était extraordinaire, parce que je n'avais pas à attendre d'aller à la bibliothèque, les informations étaient dans ma maison et c'était génial. C'était différent de ce que les autres générations avaient vécu auparavant, et ça changeait la façon dont j'interagissais avec les informations même à un si petit niveau. Mais les informations étaient plus proches de moi. Je pouvais y accéder. A Philadelphie nous avons un programme un portable par enfant, et les enfants amènent leur portable tous les jours, les ramènent à la maison, accèdent aux informations. Et voici ce avec quoi vous devez être à l'aise quand on vous donne l'outil pour faire acquérir les informations aux étudiants, c'est que vous devez être à l'aise avec cette idée de permettre aux enfants d'échouer comme partie intégrante du processus d'apprentissage. Nous faisons face en ce moment dans le paysage éducative à un engouement pour la culture de la réponse juste qui peut être correctement cochée sur le QCM moyen, et je suis ici pour vous dire, ce n'est pas apprendre. C'est la chose à ne pas demander, de dire aux enfants de ne jamais se tromper. De leur demander d'avoir toujours la bonne réponse ne leur permet pas d'apprendre. Il y a un million d'images que je pourrais montrer ici, et j'ai dû choisir soigneusement -- celle-ci est une de mes préférées -- d'étudiants en train d'apprendre, de ce à quoi ça ressemble d'apprendre dans un paysage où nous laissons de côté l'idée que les enfants doivent venir à l'école pour obtenir les informations, mais au lieu de ça, demandez-leur ce qu'ils peuvent en faire. Posez-leur des questions vraiment intéressantes. Ils ne vous décevront pas. Demandez-leur d'aller sur place, de voir des choses par eux-mêmes, de vivre vraiment l'apprentissage, de jouer, de poser des questions, C'est une de mes photos préférées, parce qu'elle a été prise mardi, quand j'ai demandé aux étudiants d'aller voter. C'est Robbie, et c'était son premier jour de vote, et il voulait partager ça avec tout le monde et le faire. Mais c'est aussi de l'apprentissage, parce que nous leur avons demandé d'aller dans de vrais endroits.  Le but premier est que, si nous continuons à voir l'éducation comme le fait de venir à l'école pour obtenir des informations et pas comme un apprentissage par l'expérience, donner du pouvoir à la voix des élèves et de prendre les échecs à bras le corps, nous passons à côté. Et tout ce dont tout le monde parle aujourd'hui n'est pas possible si nous continuons à avoir un système éducatif qui ne met pas en valeur ces qualités, parce que nous n'y parviendrons pas avec un test standardisé, ni avec une culture de réponse unique. Nous savons faire mieux, et il est temps de faire mieux. Diana Laufenberg

à bientôt pour la suite